Comment marier le passage du multiple à l’unique (Uranus) avec celui du multiple au duo-duel (Neptune) ? Comment faire fonctionner ensemble un volontarisme intransigeant et des états d’âme imprévisibles ? Comment affirmer ses convictions intuitives tout en vivant des sensations étranges ?
Le sujet est nanti d’une intuition incroyablement juste qui le fait réagir, sans même avoir à y penser, avec flair et à propos dans son vécu, avec rigueur et clarté dans sa vision du monde. Très indépendant, il se détermine affectivement et intellectuellement en fonction d’injonctions venues du dedans de lui-même, auxquelles il fait confiance et obéit aveuglément. Il a raison : elles lui indiquent comme par magie la marche à suivre et le programme à exécuter. Son volontarisme intransigeant se double d’un grand sens de l’humain et du collectif. Inspiré et charismatique, organisé et clairvoyant, il mène ses troupes à la baguette en se dépensant lui-même avec tant de contagieuse générosité qu’il est difficile de ne pas suivre les grandes causes ou théories qu’il défend et promeut avec ardeur et conviction. Son riche et foisonnant imaginaire se déploie librement et accouche de surprenantes, audacieuses et originales façons de vivre et de penser.
Dissonance équilibrée : le sujet passe alternativement d’un volontarisme intransigeant (Uranus) à des états d’âme nébuleux (Neptune), sans pouvoir se résoudre à choisir. Selon que l’une ou l’autre fonction domine dans son vécu, il peut adopter les attitudes suivantes :
Si Uranus domine : le sujet est l’otage de certitudes intuitivement révélées, tranchées et dogmatiques, qui semblent interdire à sa pensée toute souplesse, toute nuance, tout subtil paradoxe, c’est-à-dire toute approche de la dynamique profondément mouvante et claire-obscure du vivant. Son individualisme cavalier, son volontarisme intransigeant et son despotisme intolérant le rendent incapable de quelque humble partage, de quelque communion collective que ce soit. Il veut à tout prix émerger de l’incertain, s’afficher comme un phare dans le brouillard. Pour ce faire il combat, à coups de diktats, d’ukases ou de théories arbitraires, tout ce qui dans le champ de ses œillères s’assimile à du vague, de l’imprécis, de l’ondoyant : les demi-certitudes d’une foi vivante, les adhésions corps et âme à ce qu’on ne comprend pas, les mystères d’un universel et innommable amour.
Si Neptune domine : le sujet vit dans un brouillard complet, indifférent ou aveugle à la moindre lumière qui pourrait en émerger et l’éclairer, dans une confusion totale des sens, de l’esprit et des valeurs. Son monde intérieur est un fouillis inextricable, un capharnaüm tumultueux où s’entassent et se mélangent pêle-mêle intuitions, états d’âme, productions de l’imaginaire et utopies, dans un total manque d’ordre, de hiérarchie et d’organisation. Hanté par son aspiration à une chimérique ou improbable autre vie, plus riche, plus solidaire et en communion avec l’invisible et le mystère des choses, il multiplie les vœux pieux et les déclarations d’amour universel au risque de se dépersonnaliser, de perdre tout sentiment de son individualité. Il prie pour qu’advienne un miracle quand il faudrait prendre d’énergiques décisions pour bousculer le cours des choses.
Dissonance maîtrisée : le sujet a durement appris qu’il y a un temps pour la cérébralité conceptrice et organisée, et un temps pour être à l’écoute de ses états d’âme, et sait sans fausse note alterner ces deux fonctions.
Dissonance sublimée : le sujet a délibérément sacrifié toute originalité créatrice individuelle au nom de la dynamique d’une évolution profonde, ou abdiqué de toute utopie chimérique au profit d’une puissante volonté d’imposer de nouveaux modèles.