: Cette peur viscérale, n'est-il pas temps d'en explorer les racines les plus profondes, de la regarder en face, de cesser de la fuir par les explications des spécialistes, les croyances religieuses, les drogues, l'alcool, les antidépresseurs et la télévision, les innombrables moyens que nous avons inventé pour refuser d'accepter le fait que c'est elle, et elle seule, qui mène nos vies, qui décide de nos rêves et de nos espoirs, qui nous aveugle et nous empêche de profiter de la beauté du monde?
Le sujet maintient, d’une manière ou d’une autre, que ce soit par la raison abstraite ou par un flegme imperturbable, une froide et intense distance vis-à-vis des êtres, choses et situations.
Perspicace et subtil observateur des faits, il ne se fait d’illusions sur rien ni sur personne. Seul compte pour lui l’essentiel invisible aux yeux, l’envers inconnu du décor où se tapissent les lois universelles, l’ordre caché du monde.
Auscultant le vécu et faisant confiance à son intuition profonde du mystère, il se pose sans cesse les questions fondamentales, celles qui n’ont de réponses que partielles, paradoxales ou énigmatiques.
Les abstractions les plus ardues n’ont pas de secret pour lui, et l’inconnu est son domaine de prédilection. Complexe, subtil, secret, il ne dévoile pas facilement ses opinions ou intentions, ou ne le fait qu’avec la plus extrême prudence et circonspection.
S’il a le goût du pouvoir, c’est de celui de l’ombre et des coulisses qu’il s’agit.
Dissonance équilibrée : le sujet passe alternativement d’une difficile recherche expérimentale (Saturne) à une froide distance maximale (Pluton), sans pouvoir se résoudre à choisir. Selon que l’une ou l’autre fonction domine dans son vécu, il peut adopter les attitudes suivantes :
Si Saturne domine : le sujet cherche à conjurer l’absurdité ou le néant de toute raison ou de tout savoir en développant un froid rationalisme ancré dans le réalisme expérimental.
Il essaie pathétiquement de trouver, dans ses froides, profondes et méthodiques investigations dans la matière et le vécu, le pourquoi et le comment des mystères immatériels, métaphysiques ou autres, sans pouvoir se résoudre à la certitude qu’il est des questions qui n’ont et n’auront jamais de réponse. L’inconnu intégral le fascine et l’angoisse en même temps, et avec la même intensité.
Par sa raison abstraite ou son romantisme douloureux et désespéré, il tente vainement de se rebeller contre une obscure et implacable fatalité, contre les forces du chaos, du désordre et du néant. Solitaire, mélancolique, sceptique et incompris, il craint que sa situation n’empire encore...
Si Pluton domine : le sujet, intimement et intuitivement persuadé qu’au fond, rien ne vaut la peine de rien et que même les recherches les plus approfondies ne débouchent jamais que sur d’insondables et inexprimables mystères, en arrive à ne même plus se poser la moindre question fondamentale concernant les contenus cachés de l’existence.
Les raisonnements les plus subtils et les investigations les plus perspicaces au cœur de la matière des êtres, choses et situations lui apparaissent comme de la bouillie pour chat, pénétré qu’il est du sens de l’absurde ou de l’inconnaissable.
Vouloir métamorphoser le présent, même de la façon la plus réalistement pessimiste lui semble une aimable utopie.
Ne lui reste plus alors qu’un désespoir profond et incurable, des tentations nihilistes ou le refuge mystique ou philosophique dans les terres arides de l’être-en-soi, en espérant peut-être que sa nuit accouchera d’un autre soleil.
Dissonance maîtrisée : le sujet a durement appris qu’il y a un temps pour la réflexion dubitative et approfondie, et un temps pour se débarrasser radicalement de toute raison et conception, et sait sans fausse note alterner ces deux fonctions.
Dissonance sublimée : le sujet a délibérément sacrifié toute quête d’un hypothétique absolu au nom d’une suprême et profonde impassibilité d’être, ou abdiqué de toute tentation de souscrire à l’absurde au profit d’un prudent scepticisme chercheur.